On a souvent dit et lu que le cinéma n’a jamais été très heureux avec le football et les grands films autour du ballon rond ne sont pas légions contrairement à d’autres sports majeurs (la boxe notamment). Pour autant, le sport le plus populaire de la planète a engendré quantité de films (il semblerait qu’il y en ait plus de 270 si l’on remonte au cinéma muet). Dans le paquet, on en trouve même des bons. À l’heure de notre classement, on a tenu compte d’un élément essentiel qui liera les sélectionnés à notre film de la semaine, End of summer : la passion (joyeuse) que fait naître ce sport. C’est ainsi que des films incontournables du genre n’auront pas trouvé place ici comme Coup de tête de Jean-Jacques Annaud, À nous la victoire de John Huston ou À mort l’arbitre de Jean-Pierre Mocky.
Zidane, un portrait du 21ème siècle (2006) de P. Parreno et D. Gordon
Venant de faire l’actualité en annonçant à la surprise générale sa démission du poste d’entraîneur du Real de Madrid (après avoir remporté une 3ème ligue des champions consécutive), Zidane est forcément incontournable dans ce classement tant il a une part prépondérante dans les malheurs de notre jeune héros d’End of summer. Dans le film de Zhou Quan, Xiaoyang idolâtre Del Piero, le leader technique d’une Italie qui va se faire éliminer en quart de finale par la France de Zizou, en route vers sa première victoire en coupe du monde. Si le documentaire n’est pas en lui-même mémorable, il possède une facture technique hors normes (17 caméras HD ont filmé les moindres gestes du footballeur lors d’un match) qui lui donne des airs expérimentaux plus d’une fois fascinant.
Le Triporteur (1957) de Jack Pinoteau
Énorme succès populaire (presque 5 millions d’entrées à sa sortie en 1957), le plus important de sa star, Darry Cowl, montre comment la passion d’un simple livreur de pâtisseries pour l’équipe de son village, va l’entraîner jusqu’à jouer la finale de la coupe de France en lieu et place du gardien de but. Bien évidemment pour arriver à ce final loufoque, il faudra beaucoup de péripéties rocambolesques et tout l’abattage, la naïveté et la maladresse de Darry Cowl. Petit classique de la comédie française pas si éloigné de ça des délires de Tex Avery, Le Triporteur montre que quand on aime passionnément, les rêves les plus dingues peuvent se matérialiser.
La Coupe (1999) de Khyentse Norbu
Dans End of summer, le jeune Xiaoyang attend avec impatience de découvrir ce que son joueur de cœur (Del Piero) et son équipe, l’Italie, vont faire à la coupe du monde 1998 en France. À quelques milliers de kilomètres de lui, ce sont deux jeunes tibétains qui, dans La Coupe, s’apprêtent à vibrer de la même façon pour cet événement sportif mondial. Entre humour, tendresse et leçon de vie, le film de Khyentse Norbu offre un joli moment exotique et fragile.
Carton jaune (1996) de David Evans
Si on peut lui préférer la version remake en mode baseball des frères Farrelly (Terrain d’entente), Carton jaune est l’un des fers de lance cinématographique pour montrer à quel point la passion du foot peut être plus qu’envahissante. Le très british Colin Firth voue un culte à l’équipe d’Arsenal qui est sur le point de peut-être remporter le championnat après presque deux décennies d’échecs. Tout irait pour le mieux si cette gigantesque ferveur n’entravait pas sa relation amoureuse naissante. Il va devoir choisir entre ses deux amours. Un choix cornélien que bon nombre de supporters peuvent comprendre et l’occasion d’exorciser éventuellement quelques frustrations de couple. On dit ça, on ne dit rien !
Le Ballon d’or (1993) de Cheik Doukouré
Là encore, on retrouve un enfant comme héros de l’intrigue. Cela se passe en Afrique (en Guinée) et le jeune Bandian, 12 ans, est tout aussi passionné de football que Xiaoyang dans End of summer. Sauf que lui va aller jusqu’au bout de sa passion en tentant de devenir joueur professionnel. Inspiré librement de la vraie vie du footballeur, Salif Keita, premier vainqueur du Ballon d'or africain en 1970, Le Ballon d’or est une très jolie fable qui se montre plus d’une fois touchante dans sa capacité à nous faire appréhender la folle passion qu’éprouve l’Afrique pour le football.
Joue-la comme Beckham (2002) de Gurinder Chadha
On aurait pu choisir le film de Jafar Panahi (Hors jeu) pour montrer à quel point la passion du foot n’a pas de sexe et que les femmes peuvent tout autant avoir le droit d’y plonger. On a opté pour la version festive et joyeuse avec le film qui révéla le talent de la jeune Keira Knightley (17 ans à l’époque). D’autant que là aussi comme dans End of summer, l’héroïne d’origine indienne a une idole. Pas d’italien cette fois, mais un anglais, David Beckman (qui s’offre une apparition amusante en fin de récit). Rythmé, drôle, joliment filmé (par la trop rare Gurinder Chadha), Joue-la comme Beckham est toujours aussi plaisant à (re)voir et son statut culte au fil des années amplement mérité.
Les Héros du dimanche (1953) de Mario Camerini
Un top de foot sans un film italien, ce n’est pas vraiment possible. La ferveur des tifosi pour le ballon rond n’est plus à démontrer. Dans Les Héros du dimanche, il y a tout pour faire la part belle à toute sorte d’effusions, et ce sur et en dehors du terrain. Entre beau jeu, tentative de corruption, désir de gagner à presque tout prix, toute l’essence de la passion du football se retrouve dans le film de Mario Camerini. Et puis, il y a un casting qui fait rêver dont un Marcello Mastroianni qui compense son manque d’aisance aux pieds par son charisme légendaire.
Shaolin Soccer (2001) de Stephen Show
Peut-être un poil hors sujet ici tant la passion du foot n'est pas tout fait au coeur du récit. Mais comment ne pas aimer le ballon rond après avoir vu les délires visuels de Stephen Show qui en mélangeant foot et kung-fu offrent une série presque sans fin de séquences anthologiques. La cultissime série animée, Olive et Tom, pourrait même passer pour un documentaire sur le foot au regard de ce que Shaolin soccer propose. Hilarant, spectaculaire, totalement décomplexé, le film est incontournable. L'un des meilleurs de son farfelu et génial auteur.
Tom foot (1974) de Bo Widerberg
Un film suédois méconnu et pourtant l’un des tous meilleurs récits sur le foot de l’Histoire. Comédie familiale qui retrace l’ascension farfelue d’un petit garçon au sein de l’équipe nationale suédoise durant la coupe du monde, Tom foot étonne toujours autant par l’acuité visuelle de ses matchs. Les dribbles du jeune Tom sont dévastateurs pour ses adversaires et l’on prend fait et cause pour son épopée déroutante et son attachante personnalité. Une œuvre vraiment unique en son genre ! Et la preuve absolue que Zlatan Ibrahimović n'est pas le plus grand footballeur suédois de l'histoire.
Publié le 01/06/2018 par Laurent Pécha