Pays : USA
Durée : 1h44
Genre : Comédie
Sortie : 6 décembre 2017
Réalisateur : George Clooney
Distribution : Matt Damon, Julianne Moore, Oscar Isaac, Noah Jupe, Glenn Fleshler, Alex Hassell
Histoire : Suburbicon est une paisible petite ville résidentielle aux maisons abordables et aux pelouses impeccablement entretenues, l’endroit parfait pour une vie de famille. Durant l’été 1959, tous les résidents semblent vivre leur rêve américain dans cette parcelle de paradis. Pourtant, sous cette apparente tranquillité, entre les murs de ces pavillons, se cache une réalité tout autre faite de mensonge, de trahison, de duperie et de violence... Bienvenue à Suburbicon.
Tel un métronome, George Clooney revient (presque) tous les trois ans pour nous proposer son nouveau film en tant que réalisateur. Après des débuts prometteurs (Confessions d’un homme dangereux), le résultat n’a jamais été totalement concluant. L’élève Clooney est généreux, rempli de bonnes intentions mais manque souvent sa cible. Un petit côté hors sujet qui agace, notamment dans Monuments men, le plus faible et de loin de sa courte filmographie. Cette fois, il s’est montré sacrément studieux en adaptant un script des frères Coen. De quoi enfin obtenir la note maximale ?
Après avoir refilé un scénario à Spielberg avec la réussite que l’on sait (l’excellent Le Pont des espions), les frères Coen remettent ça en donnant un de leurs bébés à leur pote et complice. Une certaine logique, voire accomplissement tant le trio est proche depuis des années. Au point de voir en Bienvenue à Suburbicon un Coen like réjouissant. C’est en partie vrai mais aussi bigrement faux.
On y retrouve effectivement l’esprit farce mordante qu’affectionnent les célèbres frangins depuis toujours. Il y a de quoi pouffer de rires (noirs) devant les mésaventures sanglantes de ce père de famille vivant dans la banlieue typique des années 50-60. Le fidèle Matt Damon y apporte tout son savoir-faire et comme à ses côtés, Julianne Moore se dédouble, on est conquis. La satire marche à fond et le crescendo du jeu de massacre rappelle par moments les heures de gloire de Fargo, la neige du Minnesota ayant laissé place au soleil de Pennsylvanie.
Seulement, Mister George n’a pas son pareil pour s’éparpiller. Voulant (trop) bien faire, il ne peut se contenter d’une simple comédie de mœurs mordante. L’homme politique qui sommeille en lui, est forcément attiré par ce désir de montrer la difficile cohabitation entre blancs et noirs. En résulte une sorte de deux films en un que le réalisateur n’arrive jamais vraiment à relier efficacement. Bien sûr, le professionnalisme et le talent de son équipe font agréablement passer la pilule et le film se regarde avec un évident plaisir.
Mais, une fois la lumière rallumée, le sentiment de voir Clooney être encore passé à côté de son film, reste tenace. Et si Spielberg avait su parfaitement faire du Pont des espions un film "spielbergien", à aucun moment, Bienvenue à Suburbicon n’est un film "clooneyen". Ou plutôt, il l’est avec tous les défauts qui vont avec…
Publié le 04/12/2017 par Laurent Pécha