En l’espace de quelques années, le paysage cinématographique et audiovisuel a considérablement changé. L’écroulement du système de la vidéo physique locative au profit des plateformes internet via le développement de la qualité de la bande passante a développé sans commune mesure la possibilité de découvrir des films chez soi.
Dans le même temps, on a assisté à une explosion du nombre de sorties films par an (716 films ont été distribués en salles en 2016). De quoi en apparence séduire tous les spectateurs de France et de Navarre qui peuvent trouver dans les salles obscures de quoi satisfaire leurs envies de cinéma.
Mais voilà, tout n’est pas aussi simple. Quand on y regarde de plus près, les multiplexes qui ont poussé un peu partout en périphérie des grandes villes, exploitent avant tout un certain type de cinéma, celui que certains qualifient de « vendeur de popcorn ». Si on associe cela à la dure réalité de la concentration des salles en zone urbaine, le constat devient presque sans appel : on n’a jamais eu une proposition de films aussi grande sans pour autant avoir la possibilité d’en profiter sauf si on habite dans l’une des 5 grandes villes françaises, et encore là, il faut se dépêcher car passée la première semaine d’exploitation, le risque de voir le film disparaître des écrans est grand.
Qu’on le veuille ou non, le cinéma est voué à être "consommé" à la maison. Et ceux qui disent qu’il est important, voire essentiel de le découvrir en salles, oublient souvent que parmi la liste de leurs films préférés, bon nombre proviennent d’œuvres qu’ils ont découvert sur un écran de…télévision.
Mais il est aussi encore plus important de guider le spectateur dans ses choix. Lui faire comprendre qu’il est révolu le temps où le film inédit n’est juste inédit que parce qu’il n’est pas assez digne de la salle. Bien sûr, il existera toujours de tels films mais comme il existe quantité d’œuvres sortant sur nos écrans qui n’ont pourtant aucune qualité cinématographique réelle. Il faut savoir faire le tri. Une offre e-cinema rigoureuse avec une sélection cohérente faite en amont par des connaisseurs dont c’est le métier de choisir et de faire connaître les films de cinéastes prometteurs ou établis est le meilleur moyen pour imposer et légitimer cette nouvelle manière de « consommer » du film.
On dit du bon cinéma qu’il est intemporel tout en étant une vitrine sur le monde qu’il observe par le prisme d’artistes engagés et visionnaires.
Dénicher une œuvre en e-cinéma peut ainsi avoir cet effet escompté. Quand on découvre Nelly d’Anne Emond qui évoque le parcours tragique de l’écrivain Nelly Caplan et le rapport intime complexe et torturé qu’elle avait avec les hommes, comment ne pas y voir un écho avec les scandales sexuels qui éclaboussent Hollywood. Même son de cloche avec Hevn (Revenge) qui nous plonge dans une vengeance féminine suite au viol de la jeune sœur de l’héroïne. Paradise, le film de Sina Ataeian Dena, tourné en clandestinité dans un Iran où les droits des femmes sont toujours aussi précaires, reste malheureusement d’une constante actualité.
Bien sûr que tous les Marvel et Star wars de la terre auront une place privilégiée au cœur des salles de cinéma. Mais c’est justement parce qu’ils phagocytent sans mal la « concurrence » qu’il est important de construire un nouveau cocon pour tout un pan du cinéma et lui donner les outils et moyens pour fleurir, non pas en opposition mais comme un complément nécessaire. Il en va de notre survie de cinéphile/cinéphage.
Et quel plaisir pourra-t-on avoir dans quelques années de découvrir dans une salle de cinéma le film d’un réalisateur dont on avait pu voir les premiers pas dans notre salon via e-cinema.com et se dire ainsi qu’à notre petit niveau de spectateur on a pu contribuer à sa pérennité.
Publié le 28/11/2017 par La Rédaction