But i’m a cheerleader (1999) de Jamie Babbit
Inédit en salles en France, cette comédie déjantée met en vedette une jeune femme, pom-pom girl du lycée, qui devrait filer le parfait amour avec le quarterback de l’équipe de football, comme dans tout rom-com US qui se respecte. Seulement, la miss découvre qu’elle est bien plus attirée par les femmes. Ce qui ne plaît absolument pas à ses parents qui l’envoient dans une école pour lui faire retrouver des penchants hétérosexuels. Un casting formidable (on y croise même brièvement notre Julie Delpy nationale), un humour satirique qui fait mouche et un beau message de tolérance pour une œuvre certes imparfaite mais terriblement attachante.
My summer of love (2005) de Pawel Pawlikowski
Porté par une duo de comédiennes formidables dont un Emilie Blunt dans son premier rôle notable, My summer of love est une chronique intimiste estivale qui ravit les sens. N’échappant à quelques clichés un poil trop appuyés (la lutte des classes, les deux jeunes femmes n’évoluant pas dans le même milieu social), le récit se rattrape aisément lorsqu’il se concentre uniquement sur l’idylle touchante qui nait au cœur d’une campagne anglaise ensoleillée. On en ressort le cœur léger et avec déjà un crush qui ne cessera de grandir pour miss Blunt, regrettant au passage que sa partenaire, Natahlie Press n’ait pas eu une carrière tout aussi importante.
Edge of Seventeen (1998) de David Moreton
À ne pas confondre avec le récent film avec Hailee Steinfeld (The Edge of Seventeen), le long-métrage de David Moreton n’a pas eu le droit à une sortie salles en France. Il possède pourtant aux USA un petit statut culte tant il a su dépeindre avec une rare justesse et de manière parfois très crue la découverte de son homosexualité d’un jeune lycéen dans les années 80. Sans concession, sachant alterner les séquences légères avec des moments sombres, le film n’élude aucune situation et pourrait servir de guide à bon nombre de jeunes découvrant leur sexualité tout en sachant pas encore totalement comment l’assumer.
Geography club (2013) de Gary Entin
Là encore, c’est du côté de la VOD qu’il faut se tourner pour découvrir ce film resté inédit en salles. Sous influence John Hughes avec ce (faux) club de géographie qui fait penser aux collés de Breakfast club, le film garde constamment un ton plutôt optimiste alors qu’il évoque un sujet grave et bien réel : comment assumer son homosexualité à l’école sans avoir à subir la risée ou les sévices de ses camarades ne comprenant ou n’acceptant pas la situation. Si le film tend vers la comédie, il n’y plonge jamais dedans si ce n’est à travers certains seconds rôles (le meilleur ami du héros notamment). Il garde toujours cet angle humaniste de l’œuvre qui cherche avant tout à faire passer un message de tolérance sans pour autant oublier le côté distraction nécessaire.
Boys don’t cry (1999) de Kimberly Peirce
Film qui propulsa sur le devant de la scène Hilary Swank avec le premier de ses deux Oscars de la meilleure actrice, Boys don’t cry, adapté d’une histoire vraie, n’a rien perdu de son impact. Il s’agit d’une œuvre coup de poing montrant à quel point l’ignorance et la bêtise peuvent aboutir au pire des drames. Love-story touchante et tragique, le récit portait par ses formidables comédiens marque considérablement les esprits, à l’instar de son final à la violence bouleversante. Un premier film coup de poing saisissant que la réalisatrice Kimberly Peirce n'a malheureusement pas du tout confirmé.
Call me by your name (2017) de Luca Guadagnino
Grande révélation de cette année, le film de Luca Guadagnino permet de découvrir l’un des plus beaux portraits adolescents de récente mémoire. Proprement extraordinaire, Timothé Chalamet campe cet ado qui lors d’un été des plus ensoleillés (on a tous envie de passer nos futures vacances dans ce lieu paradisiaque) va découvrir l’amour dans les bras d’un jeune étudiant (Armie Hammer, absolument parfait) venu préparer son doctorat aux côtés du père du garçon. Sensuel, délicat, lumineux, le film évite tous les pièges et parvient à nous faire ressentir la naissance du désir amoureux comme peu y sont parvenus avant lui.
Les roseaux sauvages (1994) d’André Téchiné
Dans l’un de ses plus beaux films, André Téchiné nous entraîne au cœur d’une jeunesse des années 60 sous le coup de la guerre d’Algérie et qui n’a de cesse de se poser des questions sur son avenir et ses désirs. Entre choix politiques et choix amoureux, c’est une valse d’hésitations auquel on assiste. A travers diverses expériences propres à cet âge de tous les possibles, cette bande de jeunes va finir par faire le tri et trouver un fil conducteur à leur existence. Magnifiquement photographié, divinement campé par des comédiens totalement inconnus à l’époque (Elodie Bouchez explosera avec ce film), Les roseaux sauvages – quel beau titre – est une œuvre follement libre qui capte les tourments adolescents comme le cinéma français a su rarement le faire.
La Vie d’Adèle (2013) d’Abdellatif Kechiche
Palme d’Or méritée au festival de Cannes, le film de Kechiche est une histoire d’amour charnelle bouleversante. On n’y voit pas le temps passé (malgré les 3 heures de métrage) et on reste captivé par la beauté, la sensualité et l’émotion qui se dégagent de son formidable duo de comédiennes donnant tout à un metteur en scène qui sait parfaitement là où il veut aller. Un des très grands films sur l’apprentissage de l’amour !
Maurice (1987) de James Ivory
Bien que n’étant pas le plus connu et de loin des films de James Ivory (on pense plus souvent à Chambre avec vue ou Retour à Howards End), Maurice est peut-être bien son œuvre la plus accomplie. Parvenant parfaitement à nous narrer les tenants et aboutissants d’une histoire d’amour homosexuel à une époque où cela constituait un crime, le plus british des réalisateurs anglais fait preuve d’une grande inspiration stylistique. Ses remarquables comédiens dont un James Wilby dans le rôle-titre qui n’a pas eu la carrière que son talent méritait, mais aussi un tout jeune premier nommé Hugh Grant (ici loin du lover de ses dames), sont pour beaucoup dans la réussite exemplaire d’un film qui mérite urgemment d’être redécouvert.
My own private Idaho (1991) de Gus Van Sant
Dans l’imposante et brillante filmographie de Gus Van Sant, My own private Idaho tient une place bien à part. Après un très réussi Drugstore cowboy, le film confirmait que l’on tenait bien là un cinéaste américain majeur en puissance. D’une liberté de ton folle, ce road-movie grunge sous influence shakespearienne, nous permettait surtout d’apprécier l’interprétation de deux des acteurs américains les plus talentueux de leur génération, Keanu Reeves et River Phoenix. Malheureusement, le dernier nommé allait tragiquement disparaître quelques années plus tard, donnant involontairement au film une profondeur encore plus mélancolique.
Publié le 27/04/2018 par Laurent Pécha